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Histoire

Le Libertel de la capitale nationale a pris naissance à l’Université Carleton, sous l’impulsion de trois membres du personnel de l’établissement.

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À l’automne 1991, George Frajkor, professeur de journalisme, découvre le modèle du Cleveland FreeNet, mis au point par l’Université Case Western. L’un de ses collègues, Jay Weston, passait par là et M. Frajkor lui a exposé son idée. « Il a tout de suite vu le potentiel d’une telle idée. Ce service serait ouvert à tous, rapide et économique. On le voyait comme un immense forum de discussion sur un éventail de sujets importants et intéressants. »

M. Weston avait déjà de l’expérience en informatique. Les deux collègues ont donc décidé d’aller de l’avant et de créer leur propre communauté en ligne.

« Le recteur de l’Université Carleton à l’époque avait un esprit communautaire plutôt prononcé, a dit M. Weston. Il aimait notre idée, et le projet a fait boule de neige. »

Il fallait ensuite s’adjoindre un expert en informatique et acquérir le matériel informatique nécessaire pour lancer le Libertel. D’une pierre, deux coups : Dave Sutherland, directeur du Département d’informatique de l’Université Carleton, avait les réponses à leurs questions.

« Jay disait que j’étais le génie technique qui travaillait en arrière-scène, mais mon rôle était surtout d’organisateur, a précisé M. Sutherland. Je savais quelles questions poser. »

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Le projet de Libertel de la capitale nationale a ensuite traversé une période d’essais techniques et de démonstrations publiques. Les citoyens et citoyennes étaient épatés par les nombreuses possibilités qui s’ouvraient : consulter les ressources de la Bibliothèque publique d’Ottawa à l’aide d’un ordinateur, obtenir un compte de courriel et accéder à des renseignements autrefois réservés aux gouvernements et aux universités.

Les médias se sont emparés de l’histoire. Le 15 septembre 1992, la une du Ottawa Citizen titrait « Key to the Wired City » (La clé d’une ville branchée). Le quotidien consacrait une page complète au Libertel embryonnaire. Cette couverture médiatique a d’ailleurs incité plusieurs membres et bénévoles des premiers jours à se tourner vers le Libertel.

Deux semaines plus tard, le 29 septembre 1992, le Libertel était officiellement constitué et son premier conseil d’administration entrait en fonction.

« La rencontre de fondation, tenue dans l’édifice qui abrite aujourd’hui l’hôtel de ville d’Ottawa, a attiré tellement de participants que nous avons dû augmenter deux fois la capacité de la salle, se souvient Jim Elder, bénévole de longue date et ancien membre du conseil d’administration. Nous avons recruté de nombreuses personnes hautement qualifiées lors de cette réunion. »

Le 1er février 1993, le Libertel a lancé ses services en ligne. La région de la capitale nationale était propulsée dans le cyberespace.

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Le Ottawa Citizen, ne perdant rien de son enthousiasme à l’endroit du projet, a publié un second article au sujet du réseau en pleine éclosion, sous le titre « FreeNet plugs Ottawa in » (Le Libertel fait d’Ottawa une ville connectée). L’article indiquait la marche à suivre pour accéder au Libertel : se procurer un ordinateur et un modem, et les brancher à une ligne téléphonique. Simple comme bonjour!

Les groupes de discussion ont rapidement attiré de nombreuses personnes, tissant une foule de nouveaux liens dans la communauté, en grande majorité positifs mais parfois douteux. La variété était le mot d’ordre du nouvel univers en ligne.

Au cours de la première année, le nombre de membres a augmenté à la vitesse d’une connexion par ligne téléphonique… ce qui était fort rapide à l’époque!

« À la fin de 1993 ou au début de 1994, nous comptions 60 000 membres, souligne M. Sutherland. C’était énorme. Nous étions, et de loin, le plus important fournisseur de services Internet au Canada. »

Les journaux et les membres décrivaient fréquemment le Libertel de façon imagée comme la « bretelle d’accès à l’autoroute de l’information ».

Les membres accédaient à un menu textuel à partir duquel des options étaient offertes. On peut comparer cela à cliquer sur un hyperlien moderne.

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Le Libertel a été parmi les premiers à vivre les enjeux et à explorer les possibilités qui se dessinaient dans le cybermonde. Le tout se jouait à l’intérieur du système textuel. Par exemple, aujourd’hui, le nom de domaine d’un site est d’une importance clé pour son propriétaire. À l’époque, il s’agissait plutôt d’obtenir un positionnement stratégique au sein du menu textuel. Les groupes d’intérêt se menaient d’ailleurs une chaude lutte pour obtenir les meilleures places.

À l’occasion du 20e anniversaire du Libertel, en 2012, une partie du contenu original a été adaptée en format Web. VERSION WEB DU MENU ORIGINAL « À PROPOS DU LIBERTEL ». VERSION WEB DU MENU ORIGINAL « À PROPOS DU LIBERTEL »

Les années ont passé, mais le système de menu FreePort est encore fonctionnel. Si vous avez accès à Telnet, vous pouvez explorer cette ville fantôme virtuelle, figée dans le temps. Rendez-vous à l’adresse telnet.ncf.ca et ouvrez une session avec votre nom d’utilisateur et votre mot de passe du Libertel. Le protocole Telnet n’est pas sécurisé.

De son côté, le Libertel est loin d’être resté figé dans le temps. Nous offrons le service Internet haute vitesse depuis 2005. Nous tenons une foule d’ateliers et participons à des projets spéciaux comme la Journée d’accès au numérique. Le Fonds d'accès communautaire permet aux locataires de Logement communautaire d’Ottawa d’obtenir un service Internet illimité à faible coût. Nous avons souligné nos 25 ans et poursuivons sur notre lancée.

L’avenir s’annonce prometteur!

Quelques jalons de notre histoire

aa000: 25 years of National Capital FreeNet (2017)

In Their Own Words: The Story of National Capital FreeNet (2014)
Cet ouvrage ne retrace pas l’histoire chronologique du Libertel. Il suffit de consulter Wikipédia pour en savoir plus à ce sujet. Il s’agit plutôt d’une présentation du côté humain de l’organisme : un recueil d’histoires, d’anecdotes et de citations qui permettent de suivre le fil de l’évolution du Libertel. Adam Hunt en est l’auteur et éditeur. L’histoire orale du Libertel est assujettie à une licence CC-BY-SA 2.5.

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From the Kitchens of National Capital Freenet (1995)
Ce livre comprend des recettes soumises par les membres du Libertel en 1995. Les ventes ont servi à recueillir des fonds au profit de l’organisme.

The Official FreeNet Survival Guide (1994)
Ce « guide de survie » a été rédigé en 1994 par l’équipe du service technique. Il s’agissait d’un manuel de formation et d’information sur l’accès à Internet et sa navigation. À l’époque, le service par ligne téléphonique était à la fine pointe de la technologie. Ce document, véritable témoin du passé, donne un aperçu des applications qui étaient à la disposition des pionniers de la navigation sur Internet.